Progrès rapides au Nigeria
Avec les progrès rapides de la traduction de la Bible auprès de communautés illettrées et principalement orales, de nouveaux défis se présentent également. Un des défis est d'équiper les équipes locales pour qu'elles puissent participer à un travail s'appuyant largement sur de nouvelles technologies.
Au Nigeria, les nouveaux groupes de langues ont même permis de retirer le Nigeria de la liste de ProgressBible, de nations où se trouve le plus grand nombre de langues pour lesquelles aucun projet de traduction n'a encore démarré. Il y a trois ans de cela, cette liste contenait 178 langues. Maintenant, il n'y en a plus que 22. À ce jour, au Nigeria, au moins 232 projets de langue sont en pré-traduction – la phase préparatoire. Cela conduit à une augmentation des besoins en ce qui concerne la formation et les moyens technologiques.
Pour le Nigerian Bible Translation Trust (NBTT), qui travaille actuellement avec 109 langues, la technologie continue à grandement soutenir le travail de traduction. Les logiciels relativement récents tels que Render, Paratext et Translators Workplace sont de puissantes ressources pour les traducteurs, leur permettant de travailler efficacement partout dans le monde. Ces outils offrent des fonctionnalités telles que la collaboration en temps réel, les corrections automatiques et les relectures par des consultants ce qui améliore significativement le processus de traduction.
« Nous avons reçu des formations approfondies pour le bon usage de Render, Paratext et d'autres ressources afin de traduire la Bible dans nos langues de cœur », dit Révérend Shadrack Mishack, un conseiller en traduction orale de la Bible qui travaille avec la langue Miship de l'État du Plateau du Nigeria. « Bien que le processus de formation est intensif, il est essentiel d'autonomiser les traducteurs indigènes en leur conférant les compétences technologiques nécessaires avant qu'ils ne commencent le travail de traduction, en particulier dans le domaine de l'OBT (traduction orale de la Bible) ».
« Malgré les défis que nous rencontrons, tels que l'exposition préalable limitée à la technologie, nous nous attachons à atteindre un bon niveau de maîtrise de ces outils », dit-il. « Ces efforts sont récompensés par le fait que plus de gens aient un accès rapide aux Écritures. Par exemple, certaines parties des Écritures traduites dans notre langue sont maintenant accessibles par téléphone portable, ce qui permet aux gens de les écouter. Cette accessibilité a suscité une demande pour d'autres portions des Écritures ».
Un changement décisif
« Quand j'ai commencé à traduire, nous utilisions seulement le papier et le stylo, et cela nécessitait beaucoup de temps et de travail », dit le pasteur Daniel Bala, un traducteur oral de la Bible impliqué dans le projet Dɨjiim de l'État de Gombe. « Malgré nos efforts, le travail réalisé manquait souvent de la précision et de l'efficacité nécessaires pour obtenir des traductions de grande qualité. Cependant, depuis qu'on utilise également Render et Paratext, notre processus de travail a été immensément amélioré. Ces outils nous ont renforcés, en rendant le processus de traduction plus facile, plus rapide et plus précis ».
Render, qui a été conçu spécifiquement pour la traduction orale de la Bible (OBT), a été un changement décisif, d'après Mishack.
« Cela nous a permis de créer des traductions orales de grande qualité. Elles sont cruciales pour notre communauté, où beaucoup de gens ne peuvent ni lire ni écrire », dit-il. « Avec Render, nous pouvons maintenant écouter des passages de la Bible, enregistrer nos traductions orales et partager ces enregistrements avec notre équipe pour avis. Ce processus fluide permet que les traductions soient culturellement pertinentes et qu'elles parlent profondément au public. La plate-forme intuitive Render a significativement amélioré notre efficacité, nous rendant capables de produire des traductions plus rapidement et avec une plus grande précision ».
Fracture technologique
L'équipe informatique de NBTT offre des formations aux logiciels de traduction pour les membres de l'équipe locale – mais la tâche est immense.
« Render a plusieurs fonctionnalités que nous n'avons pas encore entièrement maîtrisées », dit Mishack. « Dans notre communauté, trouver des gens qui sachent bien utiliser un ordinateur est difficile. Beaucoup d'entre nous ne sont pas habitués aux opérations de base sur un ordinateur, et encore moins à l'usage de logiciels spécialisés tels que Render et Paratext. Cela signifie que nous passons beaucoup de temps simplement à apprendre à utiliser l'ordinateur, ce qui est un temps qui est perdu pour le travail de traduction lui-même ».
Cela ressemble un peu à devoir faire une course de Formule 1 alors qu'on sait tout juste conduire une voiture.
« Il est crucial, pour les organisations et pour les individus, d'investir plus de temps et de ressources dans la formation de personnes à la technologie », dit Bala. « Cela aidera grandement la mission de la traduction de la Bible. NBTT est louable pour les efforts de formation de traducteurs à l'usage de Render et d'autres outils. Cependant, des formations plus complètes et plus ciblées sont nécessaires pour améliorer l'efficacité. Par exemple, des sessions de formation additionnelles pourraient concerner des fonctionnalités avancées de Render et de Paratext, des solutions pour les problèmes fréquents et des exercices pratiques pour renforcer le niveau de confiance et de compétence. Des programmes de mentorat, dans lesquels des traducteurs expérimentés guident les nouveaux, pourraient aussi être bénéfiques. Investir dans la formation continue et offrir l'accès à une assistance technique permettra d'assurer que les traducteurs soient bien équipés et utilisent tout le potentiel de ces outils ».
Dans les parties du monde développées technologiquement, il est facile d'oublier qu'un internet stable et fiable ainsi que le matériel de dernier cri ne sont pas toujours disponibles dans les communautés où les projets de traduction ont lieu.
« Dans des lieux retirés, cela peut représenter un grand problème, avec des interruptions et des retards », dit Mishack. « Contacter l'assistance technique quand nous faisons face à des problèmes est aussi un défi. Parfois, nous rencontrons des problèmes techniques ou des bogues et, sans une aide experte immédiate, résoudre ces choses-là peut être frustrant et prendre beaucoup de temps ».
Il ajoute qu'un niveau de complexité supplémentaire est de s'assurer que les traductions orales sont pertinentes culturellement, ce qui ne peut pas être résolu par la technologie seule. Les équipes doivent travailler à comprendre les traditions et les expressions locales.
« Pour résoudre ces problèmes, nous avons besoin de formations plus complètes et continuelles », dit-il. « Un programme d'alphabétisation informatique aiderait aussi beaucoup, afin de permettre à chacun d'être à l'aise avec la technologie nécessaire. Un meilleur accès au matériel informatique et à un internet fiable éviterait de nombreuses interruptions. Un système d'assistance fiable pour les problèmes techniques réduirait le temps perdu et la frustration ».
La réponse de l'équipe informatique
Magagi Waje, le directeur de l'informatique à NBTT, dit que son équipe travaille dur, mais il reconnaît qu'ils sont limités par rapport au fait que de nombreuses personnes disponibles pour les projets de traductions n'ont pas été exposées à la technologie lorsqu'elles étaient plus jeunes.
L'équipe informatique essaie de communiquer régulièrement avec les traducteurs ; si un cas est trop difficile à résoudre à distance, ils font venir un membre de l'équipe à Jos pour sa formation – « ce qui conduit à des dépenses significatives », dit Magagi.
« À l'avenir, nous pourrions avoir besoin d'inclure des sessions de formation pour les traducteurs en ce qui concerne les opérations de base sur un ordinateur, durant au moins quelques semaines, avant de leur présenter le logiciel de traduction », ajoute-t-il. « Cela permettrait de les aider à devenir plus habiles pour l'utilisation d'ordinateurs pour la traduction ».
Magagi souligne aussi qu'il est important que les équipes de traduction incluent des membres plus jeunes, qui aient ainsi plus de chance d'avoir déjà rencontré et utilisé des outils technologiques.
« Une présence constante »
Malgré les défis, les traducteurs constatent l'immense impact de la réception de portions des Écritures pour les communautés concernées. Balo, par exemple, écoute des passages de la Bible avec casque, connecté à son téléphone, tout en accomplissant ses tâches quotidiennes, comme l'agriculture – « permettant à la Parole de Dieu d'être une présence constante dans ma vie. Cet accès m'a rapproché de Dieu et a fortifié ma foi ».
« Beaucoup de gens dans notre communauté ne peuvent ni lire ni écrire, mais ils peuvent écouter la Parole de Dieu dans leurs propres langues, en format audio », dit-il. « Cela a rendu les Écritures accessibles à tous, indépendamment de leur niveau de maîtrise de la langue écrite ».
Même dans les lieux les plus retirés et parmi les personnes sans éducation formelle, il est fréquent de posséder un téléphone portable.
« Ils utilisent ces portables pour écouter de la musique et pour d'autres contenus, donc partager la Parole de Dieu en format audio s'adapte facilement à leurs vies quotidiennes », dit-il. « Cette accessibilité a été transformatrice, permettant à la Parole de Dieu d'atteindre des cœurs et des pensées par des moyens qui étaient auparavant impossibles ».
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Reportage : Aondongusha Joshua Tsar et Jim Killian, Alliance Mondiale Wycliffe.
Photos: Aondongusha Joshua Tsar
Les organisations de l'Alliance peuvent télécharger et utiliser les images de cet article.
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